Par Monique Béjat, docteur en médecine, thérapeute en médecine nutritionnelle et fonctionnelle
et Hélène Tranchant-Girard, infirmière, nutritionniste, formatrice en alimentation Kousmine
« Je vous ai tracé le chemin. À vous d’en faire une route. » Catherine KOUSMINE
Introduction à la nouvelle édition de ce dossier
Aujourd’hui, de plus en plus de scientifiques s’alarment de la dégradation des produits alimentaires et de son effet préjudiciable sur la santé. Comme le disait avec humour le regretté Pierre Rabbi, il devient incongru de nos jours de se souhaiter « Bon appétit » avant un repas. « Bonne chance » lui semblait plus approprié !
Catherine Kousmine, dès les années quarante, avait tenté de convaincre ses concitoyens que la santé dépend avant toute chose de ce que l’on met dans son assiette. Elle s’inscrivait ainsi dans le courant de pensée d’Hippocrate, père de la médecine qui énonçait quatre siècles avant J.-C.:
« Que ton aliment soit ton médicament. »
Le dossier que nous vous invitons à lire ou relire est une réflexion autour de l’alimentation qui semble aujourd’hui la plus appropriée pour garder la santé ou la restaurer le cas échéant. Cette réflexion s’articule autour des découvertes scientifiques récentes, mais également du simple bon sens, car n’oublions pas « que nous sommes faits de ce que nous mangeons » et « que l’on creuse sa tombe avec ses dents ». Bonne lecture !
Dr Monique Béjat
Qui était Catherine Kousmine ?
Catherine KOUSMINE est née en Russie en 1904. Elle s’installe avec sa famille en Suisse en 1918 après la révolution d’Octobre. À l’issue de brillantes études de médecine, elle choisit de devenir pédiatre.
Le décès de deux jeunes patients atteints de cancer l’incite à se consacrer à la recherche : parallèlement à son activité médicale, elle élève des souris pendant près de 17 ans et découvre l’importance capitale de l’alimentation pour la santé. Travailleuse acharnée et visionnaire, elle synthétise ses propres travaux et ceux de plusieurs chercheurs en une méthode thérapeutique basée sur 5 piliers : l’alimentation, l’hygiène intestinale, l’équilibre acido-basique, la micronutrition et l’immunomodulation. Elle restaure ainsi la santé de nombreux patients atteints de lourdes pathologies : cancers, maladies auto-immunes (SEP), etc. Attaquée par le corps médical (généralistes, oncologues, neurologues), critiquée par la presse spécialisée, elle trouve la force de se battre devant ses succès thérapeutiques qui la confortent sans cesse dans la véracité de ses hypothèses. Afin de faire entendre son message, elle rédige trois ouvrages et forme de nombreux médecins et thérapeutes.
Catherine KOUSMINE est décédée en 1992 à l’âge de 88 ans.
Kousmine aujourd’hui
Située à Vevey en SUISSE, la Fondation KOUSMINE continue à dispenser des soins selon les principes de la doctoresse et assure parallèlement la pérennisation de son enseignement auprès des thérapeutes. En FRANCE, l’Association Kousmine Française, association d’usagers de la méthode, poursuit de son côté la transmission du message de Catherine KOUSMINE par le biais de revues, stages, groupes régionaux, Rencontres KOUSMINE. Il existe également une association KOUSMINE en Espagne et en Italie.
De la Méthode Kousmine à la Dynamique Kousmine
Afin de ne pas figer le message de Catherine KOUSMINE, nous parlons depuis quelques années de DYNAMIQUE KOUSMINE plutôt que de méthode. On s’aperçoit aujourd’hui que les piliers de la méthode KOUSMINE sont confirmés par la science, en particulier :
- La place primordiale de la qualité alimentaire
- Le rôle central de l’intestin dans le maintien de la santé
- La redécouverte de l’importance de l’équilibre acido-basique
- La nécessité de la micronutrition dans les pathologies avérées
Il y a plus de 20 ans, Catherine KOUSMINE nous mettait déjà en garde contre la dégradation de la qualité de l’alimentation : « Nous demandons aux ordonnances ce que nos aliments ne sont plus capables de nous offrir », disait-elle. À son époque, l’alimentation était nouvellement perturbée par le développement spectaculaire de l’industrie agro-alimentaire d’après-guerre et Catherine KOUSMINE constatait une « dégradation récente de la santé ». Dans son premier livre Soyez bien dans votre assiette jusqu’à 80 ans et plus (Éditions Sand et Tchou, 1980), elle se réfère à des observations faites entre 1950 et 1970. Plus tard, dans son livre Sauvez votre corps ! (Éditions Robert Laffont, 1987 et J’AI LU n° 2712) elle déplore que la situation n’ait cessé de se dégrader sous l’influence des techniques industrielles et de l’augmentation du niveau de vie. Elle dénonce ainsi sans relâche le lien entre la dégradation des habitudes alimentaires et notre santé.
Catherine Kousmine mettait en garde contre ce qu’elle appelait la « dégénérescence de la race humaine ». Elle n’avait de cesse de répéter qu’un retour à une alimentation naturelle, qu’elle définissait comme la seule normale, était indispensable : « (…) je désire convaincre le lecteur de la gravité de l’évolution actuelle de notre santé… La jeunesse actuelle est moins vigoureuse que nous, les aînés, l’avons été », écrivait-elle dans Sauvez votre corps ! N’était-ce pas, beaucoup plus récemment, la conclusion du film Nos enfants nous accuseront ?
Ce que Catherine KOUSMINE n’imaginait pas, c’est que, loin de s’améliorer, la situation allait encore se dégrader avec :
- La multiplication des molécules de synthèse (conservateurs, stabilisants, exhausteur de goûts, AB, hormones) ;
- La dénaturation de plus en plus poussée des produits laitiers, des céréales et d’autres aliments de base (œufs, viande, etc.) ;
- Les pollutions chimiques, nucléaires, électromagnétiques ;
- Le développement des cultures OGM;
- L’apparition de nouvelles technologies : nanoparticules, irradiation des aliments, etc.
Aujourd’hui, l’explosion de pathologies chroniques chez des patients de plus en plus jeunes (cancers, maladies auto-immunes…), l’apparition de maladies émergentes (fibromyalgie, burn out, maladie d’Alzheimer, électro-sensibilité…), les intoxications aux métaux lourds, confirment malheureusement son constat. Cet état de fait, l’évolution de la recherche, les multiples publications scientifiques nous ont interpellés et invités à actualiser le message de Madame KOUSMINE. Car, nous disait-elle : « Je vous ai tracé le chemin. À vous d’en faire une route. »
L’alimentation
C’est le pilier incontournable pour garder ou restaurer la santé, comme certaines citations l’expriment :
« Que ton aliment soit ton médicament. » (Hippocrate)
« Quel que soit le père de la maladie, une mauvaise alimentation en est la mère. » (proverbe anglais)
« On creuse sa tombe avec ses dents. » (proverbe français)
« Nous sommes faits de ce que nous mangeons. » (C. Kousmine)
De plus en plus de personnes sont conscientes de l’importance de l’alimentation comme facteur de santé. Cependant, la multiplicité des théories alimentaires entraîne aujourd’hui une grande confusion. Tout en restant fidèles à l’essentiel du message de sa créatrice, nous avons revisité l’Assiette KOUSMINE en articulant notre réflexion autour de quatre critères :
- Les aliments originels.
- La paléonutrition.
- L’individualisation.
- Des cures hebdomadaires et/ou annuelles.
1. Les aliments originels
Selon Catherine Kousmine, le simple retour à une alimentation naturelle aurait dû suffire à réduire la fréquence des maladies dégénératives. Elle conseillait de consommer les aliments les moins transformés possible et préparés juste avant leur consommation. Cependant, devant l’essor de l’industrie-agroalimentaire, qui utilise des allégations de santé et entretient ainsi la confusion, et devant la modification spectaculaire des habitudes alimentaires, il est indispensable de comprendre et de préciser ce que sont les aliments naturels, c’est-à-dire ceux que notre corps est capable de reconnaître et d’utiliser. Car il s’agit bien de repenser nos habitudes, nos modes de vie, notre façon de faire les courses… et d’être très vigilants.
En nous inspirant donc de la doctoresse Kousmine, de Taty Lauwers (auteur de nombreux ouvrages sur la nutrition), de l’Intelligent Nutrition (définie par les Dr Moreau et Coudron, médecins nutritionnistes), nous avons classé les aliments en 3 catégories :
- Les aliments AUTHENTIQUES
- Les aliments TROMPEURS
- Les aliments FALSIFIÉS.
Les aliments authentiques
Ce sont des aliments vrais, ressourçants, vivants, de qualité nutritionnelle élevée, aliments que les sociétés ancestrales ont testés pour nous durant des milliers d’années. Ils sont à consommer tels que nos ancêtres le faisaient. Ces aliments sont riches en vertus thérapeutiques. Véritables aliments « remèdes », ils devraient constituer au moins 70 % de notre alimentation.
Quelles sont les caractéristiques de ces aliments ?
- Ils sont non « chimiqués » avant et/ou après récolte.
- Ils n’ont pas subi de raffinage et nous sont proposés complets.
- Les fruits et légumes sont cueillis à maturité.
- Les viandes et sous-produits animaux proviennent d’animaux élevés à l’ancienne, en élevage biologique.
- Ils ne sont pas dénaturés par une trop longue conservation.
- Ils doivent être achetés crus et non transformés.
- Leur préparation respecte les éléments vitaux comme les vitamines, les enzymes, les oligo-éléments.
Les aliments trompeurs
Ces aliments sont capables de nourrir l’homme pendant un temps plus ou moins long, s’il est en bonne santé, mais il n’est pas prouvé qu’ils sont capables de dynamiser, drainer, construire, réparer… sur le long terme. Ils datent de la seconde moitié du XXe siècle avec l’arrivée de nouvelles technologies et des pesticides. Ils peuvent même être achetés dans les magasins d’alimentation biologique. Ils ne devraient pas constituer plus de 20 % de notre alimentation.
Les aliments falsifiés
Ce sont des aliments d’apparition encore plus récente, après 1970, qui ne devraient être consommés qu’en dépannage et ne pas constituer plus de 10 % de notre alimentation. Ces aliments sont sans valeur nutritionnelle, élaborés à partir d’ingrédients raffinés, contenant souvent des protéines hydrolysées, des graisses TRANS, des additifs divers, voire des OGM. Ils nous remplissent sans nous nourrir. Riches en mauvaises graisses, trop sucrés, trop salés, ils apportent des calories vides et encrassent l’organisme.
Cette classification des aliments nous amène à distinguer deux assiettes que nous avons nommées l’Assiette santé durable et l’Assiette remède.
L’Assiette santé durable
L’assiette santé durable permet, comme son nom l’indique, d’entretenir sa santé sans se marginaliser ni devoir tout contrôler de façon trop rigoureuse. Une personne en bonne santé pourra s’autoriser un peu de souplesse avec cette assiette qui sera constituée de :
- 70 % minimum d’aliments authentiques,
- 20 % maximum d’aliments trompeurs
- 10 % maximum d’aliments falsifiés.
L’Assiette remède
Une personne fragilisée ou malade se limitera exclusivement aux aliments AUTHENTIQUES le temps de se remettre sur pied, c’est la base de ce qu’on appelle l’Assiette REMÈDE.
2. La Paléonutrition
Notre patrimoine génétique se compose de 23 paires de chromosomes et d’environ 30 000 gènes. Chaque gène code pour une enzyme et seulement 25 gènes mutent tous les 200 000 ans. L’époque paléolithique s’est terminée il y a quelque 12 000 ans et depuis cette date, les êtres humains n’ont pas subi d’évolution génétique significative. Si notre génétique définit la façon dont nous sommes programmés pour manger et digérer (entre autres), nous pouvons nous demander si notre système enzymatique est adapté à l’alimentation actuelle.
À quoi ressemblent nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ? Ils sont grands (1,70 à 1,80 mètre), leurs os ne présentent pas de traces de carences particulières, pas d’ostéoporose, pas de caries. On ne retrouve pas de signes de goutte, ni de traces de pathologies infectieuses osseuses.
À partir du Néolithique, les squelettes deviennent significativement plus petits et les os présentent des marques de carences et de malnutrition. Par ailleurs, on trouve des caries au niveau des dents, ce qui met en lumière par contraste leur absence remarquable sur la dentition des hommes du Paléolithique. Or le Néolithique se différencie du Paléolithique par l’apparition de l’élevage et de l’agriculture qui a placé les céréales au centre de l’alimentation humaine.
Les céréales contiennent :
- Une part importante de glucides responsables de la stimulation de l’insuline, hormone de stockage impliquée dans les maladies dites métaboliques : diabète, obésité, maladies cardiovasculaires… ;
- De l’acide phytique (lorsqu’elles ne sont pas levées), piégeur des minéraux dont le zinc (croissance) ;
- Des lectines, dont l’agglutinine qui interfère avec le métabolisme de la vitamine D ;
- Très peu d’omégas 3 et beaucoup d’omégas 6, ce qui génère un environnement pro-inflammatoire.
C’est donc avec l’apparition des céréales dans le régime alimentaire des hommes du Néolithique que l’on voit apparaître diverses pathologies : caries, ostéoporose, rachitisme, diminution de la taille due probablement à la diminution de la part carnée (1,61m contre 1,77m).
Que mangent donc nos ancêtres chasseurs-cueilleurs avant l’agriculture ?
Ils sont, par la force des choses, « locavores », c’est-à-dire qu’ils ne consomment que des produits locaux et de saison et ces produits sont bien sûr authentiques. L’apport énergétique total est estimé à environ 3 000 kcal/jo
Les GLUCIDES sont principalement apportés par :
- Les légumes : feuilles, tubercules, racines en quantité, tous largement pourvus en :
- Vitamines (3 à 10 fois plus qu’aujourd’hui et notamment de la vitamine C en grande quantité) ;
- Oligoéléments ;
- Minéraux dont le potassium (4 fois plus, assurant un équilibre Na/K et donc un équilibre acido-basique optimal) et le calcium (10 g contre 4 g aujourd’hui) ;
- Antioxydants ;
- Les fleurs
- Les fruits: locaux et de saison, bien mûrs (et donc plus riches en micronutriments et surtout en antioxydants). À noter que les fruits très mûrs contiennent 1 % environ d’éthanol : on peut en conclure que la consommation d’un peu de vin au cours du repas n’est pas nocive pour la santé.
Les LIPIDES sont apportés par :
- Les produits animaux : viande et abats +++, poissons, crustacés, mollusques ;
- Les noix et autres graines oléagineuses.
Le régime paléolithique comporte 2 à 3 fois moins de graisses saturées et surtout un rapport oméga 6 sur oméga 3 optimal d’environ 1. Les lipides consommés sont des graisses « originelles », c’est-à-dire authentiques et surtout sans acides gras TRANS, pur produit de l’industrie agro-alimentaire et que notre organisme ne sait pas métaboliser.
Les PROTÉINES sont représentées par la viande et les abats (charognage dans les temps les plus reculés, puis chasse), les poissons, les crustacés, les mollusques, les insectes, les œufs, les champignons, les algues, les plantes sauvages.
Qu’en est-il de « la tétralogie de l’alimentation moderne » ?
Les céréales
Elles sont quasi absentes de l’alimentation de l’homme paléolithique.
Les produits laitiers
Le seul lait consommé par l’homme pendant 3 millions d’années est celui de sa mère, le sevrage intervenant entre l’âge de 2 à 4 ans. La consommation de laitage date d’environ 6 000 ans et 70 % des habitants de la planète ne possèdent pas de lactase (enzyme qui permet de digérer le lactose).
Le sucre
Il n’existe pas dans l’alimentation de l’homme paléolithique, en dehors d’un peu de miel récolté aux risques et périls de celui qui s’y hasarde…
Le sel ajouté
Il est lui aussi absent de l’alimentation paléolithique.
En nous inspirant de la paléonutrition, que pouvons-nous consommer ?
Il ne s’agit bien sûr pas de revenir à cette alimentation, mais bien de s’en inspirer en favorisant dans notre alimentation les types d’aliments qui étaient disponibles pour un chasseur-cueilleur et d’en écarter ceux qui ne le sont pas. Concrètement, nous devrions consommer :
Comme glucides
- Des légumes en quantité: crus ou cuits à la vapeur douce.
- Des fruits de saison : en limitant leur consommation à 3 par jour, surtout chez les personnes dont la glycémie est instable, car les fruits sont très « sucrés ».
- Des céréales : des céréales semi-complètes (pain compris) pas plus de 2 à 3 portions par jour, en favorisant les céréales non mutées et/ou sans gluten (riz, millet, sarrasin, quinoa). Les personnes en glycémie instable ou dont les intestins sont fragiles seront très prudentes dans leur consommation.
- Des légumineuses trempées et, si possible germées, 1 à 2 portions par semaine ou 1 cuillère à soupe par jour.
- Quant au sucre ajouté, il sera consommé avec la plus extrême parcimonie : 3 à 5 desserts au plus par semaine (on appelle dessert tout ajout de sucre, même un petit déjeuner comportant de la confiture). On privilégiera le sucre complet ou intégral de canne et le miel.
Comme lipides
- Des graisses « originelles » en quantité suffisante, en respectant un rapport Ω6/ Ω3 de 4 à 6
- Des huiles végétales première pression à froid en privilégiant celles qui sont riches en oméga 3 (lin, colza, noix) ;
- Du beurre de lait cru, de la graisse d’oie ou de canard : 4 cuillères à soupe au minimum par jour.
- On supprime bien sûr les graisses trans : il ne s’agit pas de manger moins gras, mais « MIEUX gras ».
En pratique, les recommandations sont de 35 à 40 % des apports caloriques journaliers.
- Des oléagineux: 1 portion (l’équivalent d’un pot de yaourt en verre) par jour.
Comme protéines
- De la viande et du poisson de qualité, dont 2 à 3 portions par semaine de poisson gras (hareng, sardine, saumon, maquereau…), des crustacés, mollusques ;
- Des œufs ;
- Des algues, champignons, légumineuses ;
- Quelques produits laitiers au lait cru, de qualité, en modération (pas plus de 4 à 5 fois par semaine) et selon la tolérance personnelle, en privilégiant les produits laitiers de chèvre et de brebis : fromage au lait cru, yaourts ou faisselles de qualité (lait non homogénéisé, non pasteurisé, non UHT).
Peu de sel de mer pour retrouver un rapport sodium (Na) sur potassium (K) optimal : le rapport Na/K a été multiplié selon les cas de 10 à 1 000 dans les pays industrialisés : de 0,01 à 0,1 chez les chasseurs-cueilleurs, il est passé à des valeurs de 1 à 10.
À cela nous ajouterons quelques recommandations :
- Des aliments crus : une alimentation saine comporte entre 30 et 50 % d’aliments crus, pourcentage à moduler selon la tolérance et la saison.
- Des cuissons respectueuses de l’aliment: la vapeur douce, l’étouffée, la chaleur sèche (diable, tajine), le four (sans dépasser 150 °C), les papillotes (avec du papier sulfurisé et pas du papier d’aluminium).
3. Individualisation
Que dois-je manger ? Quels aliments choisir ? C’est une question que bien des personnes se posent et il très difficile d’y répondre, car cela dépend de QUI mange.
S’il y a tant de courants différents en nutrition, c’est parce que chacun a raison dans certains cas et pour certaines personnes. Mais la même alimentation ne convient pas à tout le monde, même si les règles de bases restent valables pour tous. La nutrition est un art et doit être individualisée, ce qui explique les nombreuses divergences.
En effet, nous ne sommes pas tous égaux devant les aliments, nous avons un profil nutritionnel de base (que l’on retrouve dans la diététique ayurvédique par exemple) et des fragilités acquises ou parfois même des pathologies. Il est donc bien évident que notre assiette doit être en adéquation avec ce que nous sommes. Si nous savions encore nous fier à notre instinct, nous saurions exactement quels aliments manger et à quels moments. Malheureusement, trop d’éléments viennent perturber cet instinct : aliments falsifiés, publicités, croyances personnelles, etc.
À une personne en bonne santé, et sans connaître son profil alimentaire de base, on peut simplement dire : mangez raisonnablement ce qui vous fait plaisir, à condition que ce soient principalement des aliments authentiques. Et pour bien des gens, c’est déjà un grand changement, toujours très bénéfique.
L’individualisation, lorsqu’elle s’avère nécessaire, doit être fonction de la nature profonde, des fragilités du moment, des éventuelles pathologies de l’individu.
Pour définir la nature profonde que l’on appelle le profil nutritionnel de base, on peut s’inspirer des 3 dosha de l’Āyurveda, des diathèses de ménétrier, des groupes sanguins… Par exemple, certaines personnes n’ont pas faim le matin car leur métabolisme est lent et dans ce cas, il est conseillé de ne pas manger dès le réveil.
D’ailleurs, la norme des trois repas quotidiens est aujourd’hui controversée par les scientifiques : grouper les repas sur 8 heures, c’est-à-dire sauter soit le petit déjeuner soit le dîner libère 16 heures consécutives de jeûne, ce qui active des gènes de réparation et de longévité.
Certains organismes ont besoin pour fonctionner d’une plus grande quantité de graisses que d’autres. Il en est de même pour la viande, indispensable pour certains et tout à fait facultative pour d’autres, ou pour les céréales, très vite encrassantes pour les uns et quasi indispensables pour les autres.
Un autocontrôle est possible en observant la qualité du sommeil, de la peau, de l’odeur corporelle et du transit intestinal. Quand il y a perturbation d’un ou plusieurs de ces témoins, c’est qu’il y a des modifications à apporter au niveau nutritionnel.
Au niveau digestif, il est utile d’observer l’état des selles et de corriger l’alimentation en cas de constipation ou de diarrhée par exemple. Des ballonnements, des flatulences, des maux de ventre, une digestion lente, des éructations avec l’odeur des aliments, des traces d’aliments non digérés dans les selles, sont des signes qui évoquent une difficulté à digérer les végétaux crus.
Les personnes « accros aux sucres » doivent, pendant un temps plus ou moins long, éviter tous les sucres, même naturels, et cela surtout avant 17 h. Le petit-déjeuner sera alors gras, protéiné, salé, et même les fruits de la crème Budwig sont des glucides trop « sucrés » le matin tant que la glycémie n’est pas stabilisée.
Bien évidemment, l’état de santé du moment est primordial dans le choix de notre assiette. Les personnes en état d’épuisement chronique doivent privilégier des AG saturés à courte chaîne plutôt que des AG polyinsaturés à longue chaîne, plus difficiles à métaboliser pour un organisme épuisé. Les personnes en dysbiose intestinale doivent limiter, voire éviter les fibres, le temps de rétablir une flore intestinale correcte et reconstruire la muqueuse intestinale. Dans les pathologies aiguës ou chroniques, l’assiette doit être l’Assiette remède avec 100 % aliments authentiques, le profil nutritionnel de base pouvant alors être mis de côté pendant un temps.
4. Cures-santé
Une cure de drainage permet la mise au repos du système digestif et aide l’organisme à éliminer les toxines. Les cures sont nombreuses et variées, douces ou plus puissantes en fonction des besoins et des individualités. Là encore, ce qui fait merveille pour les uns peut ne pas du tout convenir aux autres.
Voici quelques exemples :
- Jeûne hydrique de 18 heures (au lieu du jeûne quotidien souhaitable de 12 h) 1 ou 2 fois par semaine pour stimuler les gènes de longévité.
- Cure annuelle ou bisannuelle de quelques jours :
- Assiette Remède : 100 % aliments authentiques ;
- Assiette uniquement végétale ;
- Monodiètes : riz, raisin… ;
- Jeûne hydrique ou « Büchinger » ;
- etc.
Attention : une cure ne dure qu’une à deux semaines et ne doit en aucun cas devenir permanente au risque d’épuiser l’organisme.
Pour conclure
L’Assiette Santé durable doit être le quotidien des personnes en bonne santé, avec des cures de drainage plus ou moins régulières ou des cures d’Assiette Remède individualisée, pour remédier à un encrassage inévitable et aider l’organisme en cas de pathologie aiguë ou chronique.
Si l’on ne doit garder qu’une règle en matière d’alimentation, c’est de consommer des aliments authentiques en très grande majorité, règle valable pour tous et plus encore lorsque la santé est défaillante.
Ceci dit, n’oublions pas que manger doit rester un plaisir et qu’il est indispensable de s’autoriser des écarts de temps à autre afin de solliciter nos enzymes de détoxication et éviter l’orthorexie, tout aussi délétère que son opposé !
Bibliographie
Dr Catherine Kousmine, Soyez bien dans votre assiette jusqu’à 80 ans et plus, Éditions Tchou.
Dr Catherine Kousmine, Sauvez votre corps ! prévenir les malades grâce à une meilleure alimentation, J’ai lu.
Dr Jean Seignalet, L’alimentation ou la troisième médecine, Éditions du Rocher.
Julien Venesson, Paléo nutrition, Éditions Thierry Souccar.