Le jeûne : pourquoi et comment jeûner

Par Evelyne PICCO – Revue AKF n°49 (Mars 2016)

 
Diète Hafer

Depuis quelques années, les structures proposant des séjours de jeûnes sont de plus en plus nombreuses. Les médias parlent de cette pratique, la littérature se fait plus abondante : de 1922 à 2015, le jeûne a fait l’objet de plus de 90 000 publications scientifiques.
 

Alors, qu’est-ce que le jeûne ?

Le jeûne se définit comme l’abstention volontaire de nourriture pendant une période déterminée.
Il ne doit être confondu ni avec la famine, laquelle peut conduire à des états irréversibles comme une cécité, voire à une issue fatale, ni avec la grève de la faim, destinée à faire pression sur un groupe de personnes ou sur une institution.

Le jeûne dont il est question ici est celui qui s’intègre dans une démarche d’hygiène de vie, et qui est ainsi résumé par le Dr Otto BUCHINGER :
«Jeûner, c’est s’abstenir d’aliments solides sur une durée déterminée, afin de laisser le corps se régénérer en se nourrissant de l’intérieur».

Dans nos sociétés occidentales, et tout particulièrement en France, l’art et les plaisirs de la table tiennent une grande place dans notre quotidien. Ne pas manger suscite de nombreuses craintes, héritage peut-être des restrictions lors de la dernière guerre mondiale… Et puis, tout le monde le sait, «il faut manger pour avoir des forces», «il faut manger le matin pour être en forme, ne pas démarrer la journée le ventre vide»…

Les idées préconçues sont multiples. Ne pas manger est lié aux notions d’affaiblissement et d’amaigrissement, évocatrices de maladies graves. Lorsque nous avons faim, il nous semble naturel d’écouter cette sensation et d’y répondre par l’ingestion de nourriture. Mais lorsqu’un malade dit qu’il n’a pas d’appétit, cette sensation, tout aussi naturelle, inquiète son entourage. Et il se trouve toujours quelqu’un de bien intentionné pour lui dire «Fais un effort, mange pour reprendre des forces…». Pourtant, l’abstention de nourriture est fréquemment observée dans la nature.
 

En effet, les animaux jeûnent :

  • lorsqu’ils sont malades
  • lors des périodes de basses températures (hibernation chez les marmottes, hivernation chez les ours ou les écureuils) ou au contraire lors des périodes de fortes températures (estivations chez certains rongeurs du désert, chez les vers de terre européens)
  • lors des périodes de reproduction : le jeûne chez le manchot-empereur est très étudié (travaux de Yvan Le MAHO)
  • lors des migrations (oiseaux migrateurs, tels que le colibri, qui parcourt environ 1 000 km sans manger)
  • alternance repas/jeûne : les lions font des repas fastueux de 35 kg de viande, puis ils jeûnent pendant 1 semaine. Chez le crocodile, le délai entre 2 repas est de plusieurs mois. Il est de plus d’une année chez le python royal, le boa constricteur ou la sangsue…
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    Et chez les humains, qu’en est-il ?

    Est-ce que nous aussi nous savons jeûner ?
    La réponse est… OUI. Nous jeûnons sans le savoir tous les jours ou plutôt toutes les nuits ! En effet, nous mangeons pendant la journée et nous jeûnons la nuit, en dormant, permettant ainsi à notre organisme d’effectuer ses travaux de nettoyage et d’entretien. C’est un jeûne physiologique, dont la durée est d’environ 10 h, délai entre le dîner et le petit déjeuner (dé-jeûner = rompre le jeûne). Lorsque nous sommes malades, comme les animaux, nous perdons l’appétit. D’ailleurs, les enfants malades se mettent spontanément à la diète.
    De même, la capacité à jeûner sur de plus longues périodes fait partie intégrante de notre programmation génétique : nous sommes tous les descendants d’individus ayant survécu aux périodes de famines et aux restrictions saisonnières.
    Dans la nature, la nourriture n’est pas abondante en permanence… et le concept de 3 repas par jour, toute l’année, est relativement récent, et la conséquence de nos sociétés d’abondance.

    Les Hunzas, qui vivent dans une vallée située à l’extrême nord du Pakistan, ont longtemps conservé un mode de vie ancestral : alimentation frugale, et au printemps, lorsque les réserves de nourriture étaient épuisées, jeûne ou semi-jeûne. Ils étaient réputés pour ne connaître ni la maladie, ni la fatigue, ni les maux de tête.
    Le Dr Heinz FAHMER a dit « L’Etre humain semble mieux équipé pour le manque de nourriture que pour l’abondance ». De son côté, Mark MATTSON (USA) a écrit « Durant la plus grande partie de son histoire évolutive, notre espèce a été confrontée à d’importantes restrictions alimentaires. Notre organisme est donc plus adapté à ce mode de fonctionnement qu’à celui, très récent, consistant à manger trois repas par jour ».
     

    Un peu d’histoire : le jeûne est pratiqué depuis plusieurs millénaires !

    Le jeûne religieux ou spirituel

    Moïse, Bouddha, Jésus, Mahomet… tous les prophètes ont pratiqué le jeûne.

    Dans le judaïsme, on compte 6 jeûnes de 24h, répartis au cours de l’année, le plus connu étant celui du Yom Kippour, ou Jour du Grand Pardon, entre mi-septembre et mi-octobre.
    Dans le christianisme, le Carême est un jeûne de 40 jours précédant Pâques, en référence aux 40 jours de jeûne de Jésus dans le désert. Pendant des siècles, les moines ont jeûné 2 jours par semaine.
    L’Islam propose le Ramadan, au 9e mois du calendrier lunaire, qui sanctifie la révélation du Coran au prophète Mahomet, au VIIe siècle. C’est un jeûne sec (ni nourriture, ni boisson) de l’aube au coucher du soleil, et qui dure 1 mois. Un repas, théoriquement frugal, est consommé le soir, ainsi qu’un autre juste avant le lever du soleil. Le Coran précise «Il ne faut pas s’épuiser par la nourriture et la boisson ; manger beaucoup est le père de tous les maux ; le régime est le père de tous les remèdes ».
    Dans l’Hindouisme (3e millénaire avant J.C.), le jeûne accompagne les grandes fêtes, les pèlerinages, la nouvelle lune.
    Le Bouddhisme (5e millénaire avant J.C.) conseille, plutôt que de jeûner vraiment, de développer un non-attachement à la nourriture. Certains moines jeûnent pour favoriser la méditation.
    Les Amérindiens jeûnaient lors des rituels de purification.
    Quant à GANDHI, il jeûnait pour instaurer la paix et la non-violence dans son pays et purifier son corps et son esprit.
     

    Le jeûne pour stimuler l’intelligence et clarifier l’esprit

    PYTHAGORE, mathématicien (6e siècle avant J.C.) a jeûné 40 jours avant de passer son examen d’entrée à la prestigieuse école d’Alexandrie, et, après avoir fondé sa propre école, il imposait à ses élèves de jeûner.
    SOCRATE (4e- 5e siècle avant J.C.) et son disciple PLATON, jeûnaient régulièrement 10 jours pour améliorer leur raisonnement philosophique.
     

    Le jeûne curatif

    HIPPOCRATE (4e siècle avant J.C.), « le père de la médecine », AVICENNE, puis GALIEN utilisaient le jeûne pour soigner leurs malades. « Plus vous nourrirez un malade, plus vous lui ferez de mal » disait Hippocrate. Le jeûne a été couramment utilisé jusqu’au Moyen-âge, mais, avec l’avènement de la médecine moderne, il est peu à peu tombé en désuétude.
     

    Au XIXe, XXe siècle, le jeûne est de nouveau utilisé par quelques médecins ou hygiénistes et naturopathes.

    Aux Etats-Unis, les Dr Isaac JENNINGS, en 1830, et TILDEN, vers 1900, recommencent à préconiser le jeûne comme outil thérapeutique. Hubert SHELTON (1895-1985) physiologiste et hygiéniste a fait jeûné plus de 25000 personnes. En France, de nombreux naturopathes (Paul CARTON, André PASSEBECQ, Albert MOSSERI, Désiré MERIEN) conseillent eux aussi le jeûne à leurs patients. En Allemagne, le Dr Otto BUCHINGER crée la première clinique de jeûne après avoir lui-même expérimenté cette pratique pour améliorer sa santé. Enfin, en URSS puis aujourd’hui en Russie, le jeûne à visée médicale est très utilisé depuis les années 1920. Dans ce pays, de nombreuses études scientifiques ont d’ailleurs été consignées par écrit, mais malheureusement, pour l’instant, peu d’entre elles ont été traduites.
     

    Dans les années 1980, une autre façon de jeûner apparaît.

    Le mouvement «Jeûne et Randonnée» est créé, d’abord en Suède puis en Allemagne. Ce jeûne est introduit en France en 1990 par Gisberg BÖLLING.
    Apparaissent également depuis quelques années d’autres propositions de jeûnes : jeûne et yoga, jeûne et thalasso, etc. Ce sont des jeûnes de bien-être, d’une durée d’une semaine, qui allient restriction alimentaire et activité physique adaptée à la pratique du jeûne.
     

    Pourquoi jeûner ?

    Pour permettre à notre corps de faire une pause !
    Nous ingurgitons en moyenne 500 kg de nourriture par an. A 40 ans cela fait 20 tonnes… La digestion représente 30% de nos dépenses énergétiques. Elle est génératrice de déchets. Il en est de même pour notre métabolisme toutes les réactions chimiques au sein de nos cellules) : nous produisons des toxines, qu’il nous faut donc éliminer. C’est le rôle de certains organes, appelés émonctoires : le foie, les reins, les intestins, les poumons, la peau et les muqueuses.

    Nous mangeons souvent plus qu’autrefois et les aliments sont de moins bonne qualité. Le temps de jeûne nocturne est souvent écourté car nous dînons plus tard le soir, et prenons le petit déjeuner tôt le matin.
    Le stress, très fréquent, altère la qualité du sommeil, souvent sans que l’on s’en rende compte, le foie perdant ainsi 20% de sa capacité de filtration nocturne du sang et de la lymphe. La disparition des périodes naturelles de restriction alimentaire et la diminution de l’élimination des toxines conduisent à «l’encrassage» de l’organisme : notre corps n’a plus le temps de faire son ménage intérieur, et les déchets s’accumulent… «L’homme moderne mange plus que son corps peut digérer, assimiler et éliminer, ce qui provoque une mauvaise circulation et toutes sortes de maladies. Réduire l’alimentation favorise l’élimination des déchets et du poids superflu» résume le Dr Yuumi ISHIHARA (Japon).
    Jeûner constitue donc une véritable pause pour le système digestif. L’énergie rendue disponible est utilisée par l’organisme pour faire le tri et s’auto-nettoyer. Tout ce qui est utilisable sert de combustible, et ce qui ne l’est pas est éliminé : le corps profite de cette période de repos pour réparer ses tissus endommagés. L’abstention de nourriture permet également de «remettre les compteurs à zéro». Le rééquilibrage ultérieur de l’alimentation et le sevrage (tabac, sucre) sont facilités.
     

    Est-ce que tout le monde peut jeûner ? Les contre-indications

    Contre-indications strictes au jeûne

    D’après l’Association Médicale Jeûne et Nutrition (Allemagne), certaines affections constituent des contre-indications strictes au jeûne : cachexie (= état extrême de dénutrition), anorexie mentale, hyperthyroïdie décompensée, athérosclérose cérébrale avancée, insuffisance hépatique ou rénale sévères, grossesse et allaitement.
     

    Contre-indications relatives au jeûne

    Les dépendances (alcool, drogues), les psychoses, les affections coronariennes avancées, les décollements de rétine, le DID (diabète insulino-dépendant), les cancers et les scléroses en plaques à des stades avancés, les ulcères importants de l’estomac ou du duodénum, un état avancé d’épuisement et toutes les pathologies nécessitant un traitement médicamenteux lourd sont des contre-indications relatives : un jeûne peut être effectué, mais sous surveillance médicale.

    En Allemagne, 4 millions de personnes jeûnent chaque année, dans des centres dédiés au bien-être ou dans des cliniques, lors de jeûnes thérapeutiques.
    En France, il n’existe pas, pour l’instant, de structures permettant les jeûnes médicaux. On comptabilise environ 4 000 jeûneurs par an, accueillis en centres de bien-être.
     

    Les différents types de jeûnes

    Le jeûne préventif a pour but d’optimiser l’état de santé et de prévenir l’apparition de pathologies : on peut ainsi allonger le temps du jeûne nocturne jusqu’à une durée de 16 à 18 heures, et ce de façon variable : quotidienne, hebdomadaire, tous les 15 jours, ou ponctuellement après un repas trop copieux. On peut également pratiquer un jeûne de bien-être d’une semaine, 1 à 2 fois par an maximum.

    Le jeûne thérapeutique est destiné au traitement d’une pathologie. Il nécessite une structure médicale adaptée. De même, tout jeûne d’une durée supérieure à 10 jours est considéré comme thérapeutique et relève donc lui aussi d’une surveillance médicale adéquate.
     

    Les différentes façons de jeûner

    Certaines structures, comme dans les maisons de jeûne canadiennes, imposent un repos quasi-complet. Le plus souvent, le jeûne s’accompagne d’une activité modérée : randonnée, yoga, tai chi… dont le but est de préserver la masse musculaire et surtout de favoriser l’oxygénation, la circulation sanguine, et l’élimination des toxines.

    Le jeûne dit sec, sans aucune boisson, peut parfois être proposé. Ce type de jeûne, très pratiqué en Russie, ne doit pas excéder 48h.

    Le jeûne hydrique ne permet que la consommation d’eau, à volonté.

    Le jeûne de type BUCHINGER, mis au point par la clinique du même nom, s’accompagne de la consommation d’un peu de jus de légumes (et fruits), de bouillons de légumes sans sel, et éventuellement d’un peu de miel, le tout représentant jusqu’à 250-300 cal/jour. Ces apports permettent de moduler les réactions d’élimination et d’en limiter les désagréments.

    Le «jeûne-diète», ou «quasi-jeûne», consiste à limiter la consommation calorique quotidienne au tiers des apports habituels, soit environ 500-600 calories/jour.
     

    Physiologie du jeûne

    Jeûner consiste à passer d’une alimentation externe, la nourriture, à une nutrition interne, nos réserves. On peut comparer cela avec un ordinateur portable, qui peut fonctionner sur secteur (alimentation externe) ou grâce à sa batterie (réserves internes). Le jeûne s’accompagne d’autolyse ou d’auto-restauration : tout ce qui est utilisable sert de combustible. Mais, fait important, les tissus essentiels sont préservés (cerveau, protéines tissulaires). Chez un adulte en bonne santé mesurant 1m70 et pesant 70 kg, les réserves permettent de jeûner sans danger jusqu’à 40 jours. Elles sont constituées par environ 750 g de glucides (les sucres), 3 kg de protéines et surtout 10 kg de lipides (les graisses). Elles se répartissent en 4 grands « compartiments » de réserves.

    • le sang : glucose pendant 2 à 3 heures, lipides sous forme de triglycérides.
    • le foie : glucides sous forme de glycogène pendant environ 24 heures.
    • les adipocytes (cellules graisseuses) : lipides sous forme de triglycérides.
    • les tissus et les cellules : muscles, protéines détériorées, paroi des cellules intestinales usagées… constituent une réserve de protéines.

     
    Il est à noter que les pertes musculaires lors d’un jeûne d’une semaine sont de 3% au maximum, l’organisme se mettant en épargne protéique. Lorsque 80% des réserves lipidiques ont été utilisées, le métabolisme se modifie et la vraie faim réapparaît : le corps envoie alors des signaux pour rompre le jeûne.

    Au cours du jeûne, l’organisme commence par utiliser les réserves contenues dans le sang, puis celles du foie. Il décompose ensuite les triglycérides en glycérol et en acides gras. Le glycérol est transformé en glucose, et les acides gras sont transformés par le foie en corps cétoniques, lesquels deviennent ainsi le carburant principal des cellules. La pratique régulière du jeûne, ainsi que le sport, facilitent cette transition énergétique : jeûner, cela s’apprend ! Et ce programme s’enclenche automatiquement, grâce à notre système nerveux autonome. Celui-ci est en effet indépendant de notre volonté et constitué de 2 branches : l’orthosympathique, qui gère l’action, le stress, et le parasympathique, qui gère le repos, l’entretien, la nutrition. Ne plus recevoir de nourriture est un stress physiologique qui va provoquer un ensemble de réactions d’adaptation : c’est ce que l’on appelle le phénomène d’hormèse. L’organisme active des mécanismes de défense et dégrade ses propres déchets moléculaires.
     

    Ainsi, un jeûne de bien-être d’une semaine se déroule en 2 phases :

    La phase orthosympathique

    Elle dure entre 48 h à 72 h. Au fur et à mesure que le dernier repas s’éloigne, le corps va consommer toutes ses réserves de sucre, d’où une diminution de la glycémie et du taux d’insuline. Au niveau hormonal, l’organisme réagit en augmentant ses taux d’adrénaline et de cortisol, les hormones du stress, dont l’action est renforcée par l’augmentation des hormones thyroïdiennes. Parallèlement, la synthèse de l’hormone de croissance (GH) commence à augmenter et permet de mobiliser les réserves lipidiques : c’est l’hormone « brûle-graisse ». Le rythme cardiaque s’élève. La synthèse des sucs digestifs est fortement diminuée.
     

    La phase parasympathique

    Elle prend ensuite la relève. La glycémie se stabilise sur sa norme inférieure (environ 0,7 g/l). Le taux d’insuline est minimal, il n’y a plus de pic d’insuline. La synthèse des hormones thyroïdiennes est freinée, le métabolisme de base ralentit : le corps fait des économies d’énergie ! La fréquence cardiaque et la tension artérielle diminuent. Le taux d’hormone de croissance continue à s’élever : il est multiplié par 20 chez l’homme et par 13 chez la femme (quelle injustice !). L’utilisation des graisses est alors pleinement opérationnelle, et produit une grande quantité de corps cétoniques. Ce nouveau carburant donne une énergie durable et constante, permettant des efforts d’endurance. Cependant, sans réserves de glucose, mieux vaut éviter les accélérations brusques ! On note également une acidification importante de l’organisme (la crise d’acidose).

    Le passage en phase 2 est parfois laborieux, surtout lorsque le jeûne fait suite à une période de stress ou d’intense activité.
     

    Qu’en est-il des besoins en vitamines et en minéraux ?

    Nos réserves sont suffisantes pour plusieurs semaines et nos besoins sont fortement diminués, puisque la synthèse des sucs digestifs (6 à 10 l/24 h), grande consommatrice de micronutriments, est elle-même fortement réduite. Nous ne risquons donc pas de carence au cours d’un jeûne d’une semaine.
    On observe même une augmentation du taux de zinc au niveau sanguin. Il va de soi que les réserves seront d’autant meilleures que l’alimentation dans les mois précédant le jeûne sera équilibrée et de qualité !
     

    Les bienfaits du jeûne

    De nombreux paramètres sanguins se régularisent : taux de glucose, insuline, triglycérides, cholestérol LDL (« le mauvais cholestérol »). Le sang est plus fluide.
    La tension artérielle se normalise (attention en cas de prise d’anticoagulants ou d’antihypertenseurs : il est souvent nécessaire de réduire les doses de médicaments, en accord avec l’équipe médicale). Sans digestion à accomplir, l’organisme dispose d’un surplus d’énergie conséquent (30%).
    Les tissus endommagés sont restaurés (« rajeunissement »), la cicatrisation est facilitée par la libération de zinc. Les tissus excédentaires, les structures protéiques usées ou endommagées qui encombrent les cellules ou les espaces intercellulaires sont dégradés. L’eau en excès dans les tissus est éliminée. Les circulations sanguine et lymphatique sont ainsi améliorées. Les déchets stockés dans les graisses sont remis en circulation et recyclés ou éliminés.

    La flore intestinale est épurée. Les cellules anormales sont détruites. Grâce à l’action des corps cétoniques et à la baisse du taux d’insuline, l’inflammation diminue.

    Il est à noter que les corps cétoniques ont également une action bienfaisante au niveau cérébral. De plus, ils sont euphorisants (Sans doute une précaution de la nature pour nous aider à mieux supporter la privation !). L’humeur et la clarté intellectuelle s’améliorent. La prise de décisions est facilitée. Les organes des sens s’aiguisent, en particulier l’odorat. La perte de poids induite par le jeûne est de 6 % à 10%, mais ne pourra se maintenir après le jeûne qu’en mettant en place de nouvelles habitudes (alimentaire, hygiène de vie). Enfin, le jeûne permet un déconditionnement par rapport aux stimulants habituels (café, tabac…), en facilitant ainsi le sevrage.

    Après le jeûne, avec la reprise alimentaire, toutes les synthèses protéiques sont dynamisées, en particulier au niveau des muqueuses digestives et au niveau immunitaire. On digère mieux et on se défend mieux contre les infections. La vitalité de tout l’organisme est accrue.

    Ainsi, le jeûne de bien-être s’adresse à toute personne en bonne santé physique et mentale souhaitant « un grand ménage intérieur » ou en cas de troubles mineurs tels que surpoids non pathologique, diabète de type 2, infections récidivantes, allergies, troubles digestifs fonctionnels, troubles de l’humeur…

    C’est un rééquilibrage de tout l’organisme.
     

    Les désagréments pendant le jeûne

    Il s’agit surtout de sensations inhabituelles : lenteur (pas de carburant pour agir rapidement), sensation de tête lourde, fatigue, surtout matinale, sensation de vertiges, palpitations (l’estomac et l’intestin étant vides, on perçoit les battements cardiaques au niveau de l’aorte abdominale), frilosité (économies d’énergie), maux de tête, spasmes abdominaux. L’haleine est fétide, la langue est recouverte d’un enduit épais blanchâtre, la bouche est pâteuse : ce sont des signes d’autolyse et de détoxication.
    La transpiration est plus abondante, les odeurs corporelles sont plus fortes (élimination des toxines). Les remontées émotionnelles sont fréquentes, surtout au 3ème jour, lors du passage en phase 2 d’autolyse : on élimine aussi sur le plan psychique ! De plus, en l’absence de travail digestif, le corps est plus silencieux.
    Ce calme abdominal facilite l’écoute intérieure, l’introspection. Le sommeil est fréquemment diminué (il n’y a plus la fatigue de la digestion) mais il est parfois au contraire augmenté, lorsque la personne arrive très fatiguée. Les rêves sont souvent intenses et surprenants. Une sensation de faim peut parfois persister, elle est généralement le signe que l’intestin contient encore un peu de nourriture. Une purge ou un lavement à l’eau tiède résolvent souvent le problème.
     

    Comment jeûner

    Il convient d’abord de choisir la durée et les modalités de son jeûne : 16 h, 24 h, 1 semaine, hydrique ou de type BUCHINGER, seul ou en groupe, dans un centre de jeûne…

    Lorsque l’on décide de jeûner une semaine, il faut être conscient des deux principaux obstacles qui sont la peur (la sienne, et surtout celle de l’entourage : « Mais tu vas mourir de faim !») et le stress, véritable ennemi du jeûne, car il gêne le passage en phase 2.

    Si l’on décide de jeûner seul, chez soi, il faut veiller à se ménager suffisamment de temps de repos et ne pas se laisser happer par le rythme quotidien. Jeûner doit être une pause pour tout l’organisme. Lors d’un premier jeûne, mieux vaut s’éloigner des tentations. Il est préférable de se couper du quotidien et d’être accompagné par des professionnels du jeûne. De plus, jeûner en groupe est facilitant, bienveillance et solidarité étant toujours présentes entre les jeûneurs.
    La conduite du jeûne d’une semaine : 3 étapes de longueur égale. Pour 1 semaine de jeûne, il faut prévoir 1 semaine de préparation et 1 semaine de reprise.

    La préparation consiste à réduire progressivement l’alimentation la semaine précédant le jeûne : arrêt des stimulants (thé, café, sucres…) puis des viandes, des laitages, enfin des céréales… pour terminer les 2 derniers jours en consommant uniquement des fruits et légumes crus ou cuits.

    Au cours du jeûne à proprement parler, on veillera à un environnement calme, favorisant le repos et la détente. L’exercice physique est adapté, pour favoriser la respiration, la circulation, l’élimination. Le travail des organes d’élimination est stimulé par la consommation d’une grande quantité d’eau (surtout les premiers jours), de tisanes dépuratives, l’utilisation du sauna ou du hammam, de massages bien-être. La sieste est également recommandée, ainsi que l’utilisation d’une bouillote posée sur le foie. Il est important de jeûner l’intestin vide. Pour cela une irrigation du côlon, des lavements ou une purge (20 g de chlorure de magnésium ou de sulfate de magnésium) sont conseillés en début de jeûne. Les lavements seront éventuellement poursuivis pendant le jeûne (amélioration du bien-être, disparition de la sensation de faim).

    La phase de reprise alimentaire est capitale et doit être progressive. Tout le système digestif ayant été mis au repos, il faut relancer la synthèse des sucs digestifs et le transit intestinal. Le schéma de reprise s’effectue à l’inverse de la préparation avec la réintroduction progressive des différentes catégories d’aliments. Il convient de choisir des aliments de qualité et de prendre le temps de mastiquer. Tous les excitants, ainsi que le sel, doivent bien sûr être évités. Cette période est idéale pour mettre en place de nouveaux comportements alimentaires.
     

    Pour conclure

    Le jeûne est un formidable outil de bien-être qui permet de conserver ou de restaurer sa santé. C’est un véritable acte d’hygiène, qui participe à la sensation de se réapproprier son corps. Jeûner est souvent beaucoup plus facile qu’on ne le pense mais ne s’improvise pas : on décide, on s’y prépare, et on se donne le temps et les bonnes conditions pour le faire. « Le jeûne est un outil parmi d’autres, qui peut venir en complément de l’exercice physique et d’une alimentation équilibrée » Pr. Luigi FONTANA (médecine et nutrition).